Vous n’êtes pas sans savoir que le web a fortement évolué ces dernières années et qu’il s’est imposé comme un outil indispensable aux stratégies de communication et de marketing.

Aujourd’hui, les grands groupes comme les plus petites startups, en passant par les acteurs de la recherche ou les acteurs institutionnels s’appuient sur le web pour penser leur stratégie marketing. Et oui, j’ai souvent entendu que les acteurs institutionnels ne s’intégraient pas dans ces stratégies mais nous sommes bel et bien dans un contexte de constante concurrence entre les acteurs, qu’ils soient issus du monde privé comme de l’univers institutionnel. La labellisation FrenchTech et cette volonté pour les régions françaises d’être labellisées confortent ces stratégies liées au marketing territorial même si intrinsèquement, l’objectif est d’offrir une visibilité à l’échelle internationale de notre chère nation française.

Tous ces acteurs expérimentent les potentialités qu’offre le web dans leur stratégie, suivent son évolution et tentent de se démarquer sur la Toile gigantesque – que chacun tisse à son échelle. Et c’est bien là le « problème » : chacun tisse une partie de la toile. Aujourd’hui plus qu’hier, et bien moins que demain ….

La question que je souhaite soulever ici concerne plus précisément la neutralité et la fiabilité des indexations 2.0 qui régissent, d’une certaine manière l’univers du web et leurs impacts sur les stratégies de recherche et de veille informationnelle.

L’indexation humaine collaborative : enrichissement et complexité

L’arrivée du web social dit web 2.0 a radicalement modifié la manière d’appréhender le web. Chacun peut éditer, partager et commenter des contenus sur le web. Seulement, chacun y va de sa propre indexation pour tenter de répertoricommunity-988898_1920er les contenus du web. On parle en effet d’ « indexation sociale du web ».

La  « folksonomie » ou « indexation par le peuple » a à la fois complexifié et enrichi le web. Ce terme né de la combinaison des mots folk (= le peuple, les gens) et taxonomy (=la taxinomie) représente un système collaboratif de classification, d’indexation personnel des contenus du web. Ainsi, les contributeurs ne sont pas contraints à une terminologie prédéfinie mais peuvent adopter les termes qu’ils souhaitent pour classifier leurs ressources. Ces termes sont souvent appelés mots-clés ou tags et une ressource peut-être indexée de différentes manières selon les contributeurs.

On peut ainsi explorer plus facilement les contenus issus du web invisible par exemple, puisque certains les rendent visibles en les indexant sur des plateformes numériques. On peut aussi découvrir, à partir d’une ressource, d’autres ressources connexes en suivant les mots-clics choisis par différents contributeurs. Ceci favorise une forme de découverte de nouvelles informations en se basant notamment sur ce qu’on appelle la « sérendipité » (découverte fortuite).

Alors on Tweet avec des hashtags en tout genre, on indexe des contenus sur Facebook avec d’autres hashtags (souvent différents ou plus longs que sur Twitter), on taggue des contenus de blogs, on en décrit via des métadonnées, on partage une information avec d’autres mots-clés  … mais comment ? et pourquoi ?

Les petits bémols

1er bémol : tout comme avec les réseaux physiques, de nombreuses stratégies d’influence ont saupoudré, voire recouvert cette indexation collaborative ô combien honorable qui consiste à priori à partager informations, connaissances, savoirs et à s’enrichir mutuellement via un outil numérique et des outils collaboratifs comme le crowdsourcing.

Sans aller jusqu’à parler de ce que certains appellent le « braconnage», les médias sociaux numériques sont des zones d’influence forte. Chaque individu veut se positionner sur la toile. Décideurs, marketeurs, communicants, tous veulent se démarquer. Les socionautes veulent exister, contrôler leur réputation, asseoir leur notoriété, être populaire ou tout simplement s’exprimer et partager des contenus. Et comment le font-ils ? Avec leurs propres termes, leurs propres mots-clés, (folksonomie oblige ;-)) qui correspondent à la fois à la culture de chacun, et aussi aux cultures des différentes plateformes web. Il faut donc bien comprendre que ces indexations sont finalement rarement philanthropiques.

2nd bémol : la tentation de toujours inventer de nouveaux termes pour se démarquer, quitte à ce que ces « inventions terminologiques » n’aient finalement plus grand sens et d’utilité ; quitte à utiliser différents termes pour finalement vouloir dire la même chose ; pire encore, quitte à utiliser des termes vides de sens pour décrire des contenus sans volonté réelle qu’ils soient rendus visibles dans de quelconques recherches (l’exemple du hashtag #SmartTeam).

Dualité des stratégies de veille & de diffusion sur le web social

Je ne dis pas que tout cela est bon ou mauvais mais il devient indispensable de comprendre ces stratégies (personal branding, content branding, marketing tribal, marketing d’influence, stratégies de communication multimodales …) pour pouvoir faire face à cette nouvelle complexité que créent ces « folskonomies » notamment dans le cadre de stratégies de recherche et de veille sur les réseaux numériques – sans parler ici des usages des néophytes qui, sans s’en rendre compte usent de terminologies parfois caduques, souvent hasardeuses …

Étant à la fois Maitre de conférences associée à l’Université de Lille 3 et Responsable Veille & Diffusion, ces différentes fonctions m’amènent parfois à user de stratégies de communication pour ancrer les contenus digitaux dans un champ terminologique (re)connus par ma/mes communauté(s)-cible(s) ; d’autres fois à innover et positionner les concepts naissants dans la classification des contenus digitaux édités pour les rendre le plus visible possible ; ou encore à m’appuyer sur ces mots-clés, ces terminologies pour rechercher des informations, surveiller des concepts innovants sur le web en espérant toujours une gestion des connaissances (KM) plus logique et cartésienne. Je m’aperçois aussi que pour les étudiants ces multitudes de stratégies sur le web les amènent à devoir être chaque fois plus agiles.

L’exemple du « Smart » à toutes les sauces

Quand vous référencez les nouveaux concepts qui intègrent désormais le préfixe « smart », il se peut que vous ayez le vertige. Tout est smart ou tout le devient. Alors on indexe les contenus du web via de nombreux hashtags : #smartcity #SmartCity #smartcities … Pour avoir fait récemment des recherches liées à la thématique « #IoT & Society », je me suis même rendue compte qu’il existait un hashtag pour #smartsociety !

Prenons l’exemple du terme « smartfabrik » qu’on a voulu que j’utilise, un temps dans mes communications. J’avais donc choisi d’utiliser le hashtag #smartfabrik avant de me rendre compte que certains utilisaient aussi #smartindustry, d’autres #Industrie40 ou encore #industriedufutur … En continuant à utiliser le terme smartfabrik, je risquais clairement de ne pas être visible par les acteurs du secteur et me démarquer par un nouveau terme n’aurait finalement pas été bénéfique.

Et pour finir quelques outils

Il existe à ce propos des outils qui permettent de choisir le bon hashtag à utiliser en fonction du nombre de socionautes qui l’utilise (comme Ritetag qui permet de tester les hashtags et leur popularité), ou encore des outils de curation automatisée qui re-twittent systématiquement des posts en fonction du mot-clic choisi (IFTTT littéralement « If this Then that »).

Je pourrai vous parler plus longuement de ces outils dans d’autres posts mais il s’agit ici – dans un 1er temps de pointer du doigt la complexité, voire la dualité entre les stratégies de communication-marketing et celles de la veille et de la recherche d’informations sur le web, accentuée par l’avènement des folksonomies et leur prégnance.

Il s’agit derrière tout ça de bien comprendre ce que signifie chacun des concepts, de contextualiser chacun des usages, d’en maitriser les stratégies sous-jacentes et de comprendre aussi parfois que les contenus les plus pertinents dans le cadre d’une recherche se sont pas toujours ceux les mieux référencés, indexés…  L’indexation du web « par le peuple » (folks) est une aubaine pour la veille sociale (ou veille 2.0) mais attention, les mots-clés sont la clé. Ils sont à la fois utiles et utilisés.

…. So, chargés de veille … Be SMART (et frugaux bien sûr)


Alice Huys
Alice Huys

Responsable Partenariats & Communication dans un centre d'expertise et Maître de conférence associée à l' Université de Lille.

Champs d'intervention :
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